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Séminaire "Anthropologie à Nanterre"

Publié le 2 septembre 2021 Mis à jour le 29 janvier 2025
Date(s)

du 17 septembre 2024 au 8 avril 2025

Date : 17 septembre au 8 avril 2025
Durée : 10h
Format : présentiel
Lieu : LESC, MSH « Mondes », Maison Ginouvès, 3eme étage, salle 308F
Horaires : mardi de 14h à 16h
Nombre de participants maximum : Ouvert à tou·te·s dans la limite des places disponibles en salle
Public visé : Mastérants, doctorants, chercheurs, enseignants-chercheurs
Peut-on suivre uniquement certains modules de cette formation ? : OUI
Organisatrices : Estelle Amy de la Bretèque et Aline Hémond


CONTEXTE DE LA FORMATION

Le séminaire Anthropologie à Nanterre est un séminaire disciplinaire organisé par le Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative non pris en charge par l’ED. Le séminaire du 1er semestre fait également partie du plan de formation du Master en anthropologie et dans les disciplines mutualisées (cinéma documentaire, géographie, SHS). Il est intégré à la banque de séminaires inclus par l’ED 395 dans le plan de formation de ses doctorant-e-s.  Le séminaire consiste à présenter l’anthropologie en train de se faire en invitant des chercheurs/enseignants-chercheurs, postdoctorants et doctorants travaillant dans toutes les régions du monde et sur des objets les plus divers alliant rigueur empirique, ethnographie au long cours et innovation théorique.
Le séminaire a lieu un mardi sur deux de 14h à 16h à la MSH Mondes, bâtiment René-Ginouvès, salle 308F (3e étage). La séance de préparation aux travaux de l’invité au séminaire a lieu le mardi précédent la conférence, pour les mastérant-e-s et doctorant-e-s qui le souhaitent.

OBJECTIFS
  • Donner à voir l’anthropologie en train de se faire
  • Former à l’animation scientifique en anthropologie et SHS
  • Faire connaître les travaux de l’anthropologue invité-e et son champ de spécialisation et débats


OUTILS ET MÉTHODOLOGIE PÉDAGOGIQUE

Inviter un chercheur par séance pour un exposé de 60 à 90 mn, illustré selon les intervenants et le sujet de leur recherche par des présentations powerpoint, des extraits de films, des enregistrements de musique ou d’entretiens. L’exposé est suivi d’une discussion avec le public, auquel tout le monde peut prendre part. Les mastérant-e-s et doctorant-e-s qui souhaitent valider ont préparé quelques questions en lien avec les travaux de l’invité-e.

PROGRAMME
  • Présentation à partir du livre Le Puzzle amazonien, Véronique Boyer (EHESS, MondesAm) - 24 septembre 2024
Depuis les années 1990, de nombreuses populations amazoniennes demandent à être reconnues par l’Etat comme « populations traditionnelles », « peuples indigènes » ou encore « communautés quilombolas ». En partant d’une situation ethnographique singulière, la recherche s’intéresse aux catégories de la pensée qui rendent concevables les circulations constatées entre les labels ethno-légaux. Sur ce point, la notion de « mistura » acquiert une importante fondamentale : c’est parce qu’elle est conçue comme non miscible qu’elle autoriserait des « choix ». L’aptitude à la « pureté » ethnique serait alors constitutive du « mélange ».L’émergence en tant qu’acteurs politiques de populations jusque-là qualifiées du terme péjoratif caboclos incite par ailleurs à reprendre la discussion de cette notion dans son double rapport avec, d’une part, l’expression institutionnelle « populations traditionnelles » qui visait à la remplacer et avec, d’autre part, la définition retenue par les cultes urbains selon laquelle elle désigne de puissantes entités invisibles. Or la capacité de transformation (virar) qu’on prête à ces dernières, et qui fait écho à la métamorphose dans les univers amérindiens, se constitue comme un miroir inversé de l’ordre social imposé aux caboclos-hommes qui subiraient leur « mélange ».Pour finir, on défend que la force de symbolisation des expériences sociales par le caboclo invisible lui donne une projection, même inconsciente, hors des espaces cultuels stricto sensu :  la définition métaphorique et ouverte de soi qu’il porte est susceptible d’informer des situations très diverses et parfois très nouvelles, éclairant ainsi les repositionnements des populations locales sur l’échiquier ethno-légal.
https://www.cnrseditions.fr/catalogue/anthropologie-et-mondes-contemporains/le-puzzle-amazonien/
https://www.berghahnbooks.com/title/BoyerAmazonian
 
  • De l’« arbre de la Vie » à l’exploitation marchande: les Warao et leurs palmiers (Venezuela-Guyana), Olivier Allard (EHESS-LAS) - 8 octobre 2024
L’importance du palmier bâche (Mauritia flexuosa) pour les Warao, un peuple autochtone du delta de l’Orénoque, est connue depuis qu’au xviiie siècle on l’a appelé leur « arbre de la Vie ». Mais les Warao et d’autres Amérindiens de la région interagissent aussi avec d’autres espèces de palmier, notamment le palmier pinot (Euterpe oleracea), espèce sauvage qu’ils exploitent commercialement, et le palmier à huile (Elaeis guineensis), planté industriellement au sud de l’Orénoque et qui fait aujourd’hui l’objet d’un glanage occasionnel. Si ces trois espèces de palmier correspondent à différents régimes d’économie politique, chacune est marquée par une profonde ambivalence. Décrire les relations des Warao à ces divers palmiers permettra ainsi de mieux saisir leurs conditions de vie contemporaines.
  • Pourquoi (ou pour qui) les sociétés matriarcales ne doivent pas exister ?, Emilie Hache (UPN, Sophiapol) - 12 novembre 2024
Il s'agira de réfléchir dans cette séance à la question, à la fois centrale pour qui s'intéresse à l'émancipation et à la possibilité de sociétés égalitaires, et pourtant si usée, de la possibilité de sociétés matriarcales. De quoi parle-t-on ? Quelle est l'histoire de ce concept ? De quoi témoigne le renouveau d'intérêt dont elle fait l'objet aujourd'hui ?
 
  • Déséquilibres. Funérailles à l’écomusée de Tang’an (Guizhou, Chine), Daniele Parbuono (Univ. de Peruggia, Italie) - 3 décembre 2024
En comparant l’impact de la théorie des écomusées en Chine avec la réalisation d’une expérience spécifique, celle du Groupe d’écomusée du Ghuizhou, le séminaire se concentre sur les formes de changement et de persistance dans la vie quotidienne du village de Tang’an. Plus précisément, également à travers un parcours photographique, des funérailles organisées selon les pratiques de la minorité ethnique Dong seront décrites.
 
  • Towards an Anthropology of Statelessness, Judith Beyer (University of Konstanz) - 17 décembre 2024
In my lecture I outline an anthropology of statelessness that focuses on stateless subjects and scrutinizes the public portrayal of the stateless as an amorphous mass of ‘nowhere people’, ‘legal ghosts’ or ‘aliens.’ My aim is to research statelessness not as a historical leftover of group encounters with (colonial) states, but as an existential human condition of currently at least 15 million people worldwide that also allows for a novel perspective on the very concept of ‘the state’.
  • La circulation des organoïdes :  entre marché et médecine personnalisée - 28 Janvier 2025
Marylou Rieucau (Doctorante au LESC)

Les organoïdes sont des amas de cellules cultivées in vitro. Ils s'auto-organisent en trois dimensions et reproduisent certaines fonctions d'organes, permettant ainsi d’effectuer des tests de molécules dans le cadre de la médecine personnalisée. Cette communication a pour objectif d'interroger la valeur accordée à ces organoïdes en fonction des différents mondes sociaux dans lesquels ils circulent. Du corps du patient au laboratoire, en passant par les start-ups développant des dispositifs innovants, nous examinerons comment différents acteurs et actrices mobilisent des connaissances et des pratiques spécifiques pour révéler la valeur de ces bio-objets. L’enjeu central sera de comprendre comment les organoïdes peuvent être présents au cœur d’un marché d’échange, alors que chacun d’entre eux relève d’une valeur singulière au sein de la médecine personnalisée.
  • Le personnel, le collectif, le cognitif : schizophrénie et économie du cerveau des neurosciences. -  4 Février 2025 
 Baptiste Moutaud (Chargé de recherche, CNRS-LESC)

A la rentrée 2024, le Schizophrenia Bulletin, revue scientifique et médicale de référence dans la recherche sur la schizophrénie et les psychoses, publiait un dossier thématique sur « La santé cognitive chez les personnes atteintes de troubles psychotiques » (Schizophrenia Bulletin, Volume 50, Issue 5, Septembre 2024). Dans son introduction au dossier, la professeure de psychologie étasunienne, Alice Medalia, proposait d’entrée une définition : « La santé cognitive renvoie aux capacités de traitement de l'information généralement désignées sous le terme de cognition : ces dimensions de la santé du cerveau qui nous permettent de penser, d'apprendre, de mobiliser notre attention, de nous souvenir et d’exprimer les fonctions cognitives essentielles à une bonne qualité de vie et à un fonctionnement optimal. » Si la santé cognitive devient ici une composante centrale de la capacité des personnes à vivre une vie accomplie et autonome, l’enjeu reste pour A. Medalia qu’elle serait un angle mort des prises en charge en psychiatrie et plus spécifiquement pour les personnes souffrant de schizophrénie. Je montrerai que le recours au concept de santé cognitive peut être analysé comme l’aboutissement d’une série de glissements successifs depuis les années 1970 qui ont aussi bien concernés les transformations conceptuelles de la schizophrénie et des régimes de production des savoirs en psychiatrie, notamment sous l’essor des neurosciences, que le déplacement des enjeux organisationnels et politiques du soin en psychiatrie vers l’articulation entre capacités individuelles et ressources collectives.
 
  • Présentation de son dernier livre : Que jamais le temps ne se brise : Voyage au mont de la Fleur, Huashan (Shaanxi, Chine). - 4 Mars 2025
Brigitte Baptandier (Directrice de recherche émérite, CNRS-LESC)

Voici le récit d’un pèlerinage au mont de la Fleur, Huashan, le pic sacré de l’Ouest, en Chine, qui doit s’accomplir la nuit : la montée inéluctable, dangereuse, effrayante dans l’obscurité, permet d’atteindre le sommet pour y assister au lever du soleil. L’épuisement des corps, l’abandon progressif du réel diurne au pouvoir de la nuit, les paysages et les êtres qui la peuplent, ouvrent aux sens qui s’altèrent un monde prodigieux de visions et de réminiscences. Le corps se fait montagne cosmique. Ce périple joue le passage de la nuit au jour et la traversée permet d’arriver à « la perfection de son vrai moi ».
 
  • Les sound systems de Thaïlande. Étude d'une société amplifiée. - 18 Mars 2025
Pierre Prouteau (Post doctorant, ethnomusicologue et anthropologue du sonore au CREM)

En Thaïlande, "plus c'est fort, mieux c'est". Tout le monde le dit, cela avant même l'avènement des sound systems dans le pays. Les sound systems sont des dispositifs électro-acoustiques d'amplification et de transformation du son aujourd'hui généralisés dans les provinces. Pourquoi les utiliser ? Pourquoi autant ? À quelles valeurs se rattachent-ils et quels effets ont-ils eu sur la société ? 
 
  • Jouer sa vie sur un tirage de tiges divinatoires en bambou en Chine - 1er Avril 2025
Adeline Herrou, Directrice de recherche CNRS-LESC

Cette présentation vise à interroger la façon dont des hommes et des femmes de tous milieux sociaux dans des situations très diverses recourent en Chine au rituel du tirage des tiges oraculaires en bambou (chouqian抽签) et à celui du jet des blocs divinatoires (wengua问卦 ou zhi jiaobei 掷筊杯) pour prendre des décisions parfois cruciales pour eux-mêmes, pour leur entourage ou pour la société toute entière. En détaillant ces rites et les consultations qu’ils nécessitent dans plusieurs temples taoïstes de la province du Shaanxi, en Chine centrale - et en esquissant une comparaison avec le tirage des Omikuji dans quelques sanctuaires shintoïstes et temples bouddhistes au Japon-, il s’agira de réfléchir au sens prêté à ces pratiques de divination dont l’enjeu oscille entre savoir décrypter les messages divins ou son propre destin, et agir avec l’idée qui reste implicite que la chance se gagne, l’infortune s’infléchit, les mauvaises influences se conjurent.
 
  • Comment s’ancrer, se réinventer et s’allier par le rituel ? Exemple de migrants mexicains néo-aztèques et d'Indiens Ramapo Lenape (Mexique/USA) - 8 Avril 2025 
Aline Hémond, Professeur des Université, Paris Nanterre

À partir d'une ethnographie exploratoire, qui s'est fortuitement ouverte en août 2022 par la rencontre avec un groupe de migrants mexicains dans la ville de New York, je propose d'aborder deux points. Le premier est de considérer la capacité d’ancrage et de réinvention de soi-même dans la société d’arrivée que procurent aux immigrés les lectures et les ritualités (re)construites à partir de pratiques préhispaniques néo-aztèques. Le deuxième point porte sur les possibilités d'alliance par le rituel. J’ai eu la possibilité de participer à la grande fête annuelle du groupe néo-aztèque Cetiliztli qui se tient dans les Ramapough Mountains (État de New Jersey). La population de cette région s'est récemment auto-déclarée comme « groupe indien Ramapo Lenape » et collabore activement avec les Cetiliztli qui, en retour, soutiennent leurs actions de reconnaissance. Finalement, nous réfléchirons à ce qui fonde la capacité à se projeter dans le futur au sein de la société d’accueil, en lien avec le rituel et différents dispositifs qui visent, c’est l’hypothèse, à renaître comme Amérindiens, dans des versions glorieuses et impériales, mais aussi comme gardiens spirituels du territoire.



 
Pour en savoir plus :
https://www.lesc-cnrs.fr/fr/seminaires/39-seminaire-anthropologie-a-nanterre

 
 
 
 

Mis à jour le 29 janvier 2025